Le reste de la lettre est à l’avenant : malgré le « culte » qu’il a depuis longtemps pour Mathilde, il redoute sa répugnance à quitter Paris. « Je me suis donc trouvé, à la suite d’un faux raisonnement, si vous le voulez, mais avec la conviction intime et profonde que je faisais bien, dans cette singulière situation, de ne pas demander la main de Mademoiselle Mathilde parce que je l’aimais trop, et qu’elle pouvait être plus heureuse sans moi que je ne pouvais l’être sans elle. » Le mariage se fait sans aucune difficulté ; un premier bébé, Pierre, naît en 1876. Par la suite, Duclaux appelle sa belle-mère « chère maman de mes amours », et son beau-père, « cher grand-père ».

En 1880, sa chère Mathilde meurt à la naissance de leur troisième enfant. Émile Duclaux succède à Pasteur à la tête de l’institut Pasteur en 1895 ; dans le combat dreyfusard, il adopte une position à la fois ferme sur le fond et posée dans la forme. Il se remarie en 1901 avec Mary Robinson et meurt en 1904.
La lettre de 1873 colore le portrait du savant aurillacois d’une lumineuse touche de sensibilité, de candeur et de chaleur humaine, ce qui lui a valu d’ailleurs d’être choisie pour figurer dans un splendide ouvrage récemment publié par Jean-Pierre Guéno chez Plon en 2010, La vie en toutes lettres. Ces paroles qui marquent notre existence, dans la rubrique « Mariage » (Plon, 2010).
ADC, 481 F 1