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Le quillou

Le «quillou» par Jean-Paul Bouchard

Je me promenais, il y a quelques jours, dans les cours désertes de notre cher lycée, et en passant dans la cour des petits, un souvenir a surgi, en regardant ces grands murs gris, j’ai pensé aux quilloux.

Chaque année, et je vous parle là des années 60, une tradition revenait à l’automne avec une grande régularité, et constituait pendant les récréations, la principale attraction de la cour des 6èmes, c’était les jeux de billes, et en particulier le quillou, dont le nom ne figure certes pas dans le dictionnaire, mais qui doit allumer les souvenirs des quinquas, sexas et autres anciens.

Le jeu concernait trois types bien distincts de participants, je dirais aujourd’hui, les « entrepreneurs », les joueurs, et enfin les badauds.

L’entrepreneur possédait dans ses poches un capital de billes conséquent, et dès le début de la récré, il s’asseyait contre le mur, les jambes écartées, et construisait son quillou, (petite pyramide de 4 billes, trois en triangle pour la base, surmontée d’une quatrième) Il s’agissait de billes en terre cuite colorée, que l’on pouvait se procurer soit dans certains commerces en ville, soit sur le marché parallèle, à l’intérieur du lycée.

Se présentait alors le joueur proprement dit, qui avait le droit, en se plaçant face au quillou à deux grands pas de distance, de lancer sa bille pour tenter de démolir le quillou. En cas de succès, il ramassait les quatre billes, et en cas d’échec, la bille tirée finissait dans la poche de l’entrepreneur.

De part et d’autre, le public commentait la partie, et parfois quelques chamailleries survenaient dues le plus souvent à des tentatives de triche, bien vite découvertes. Je me souviens d’un pensionnaire, origi- naire de la Châtaigneraie, qui avait fait un trou dans la semelle de sa pantoufle, et qui posait le pied sur une bille égarée, celle-ci disparaissait comme par magie lorsqu’il levait son pied…

Une variante du quillou traditionnel proposait une pyramide de 10 billes, ‘’ tirable’’ à cinq grands pas, mais qui nécessitait pour l’entrepreneur, l’aide de ‘’ramasseurs ‘’ car les billes jetées de plus loin, rebon- dissaient et risquaient de se perdre ....dans les poches du public.

Je me souviens avec plaisir, de cet intrépide collègue, qui bâtit un jour, un quillou de 50 billes, à tenter à vingt grands pas, et dont le résultat ne fut pas à la hauteur de ses espérances. A peine la pyramide dressée, les premiers joueurs commencèrent à lancer, et spontanément, un véritable maul hurlant fonça sur le quillou, un magistral coup de pied fit éclater l’édifice, et en un éclair, toutes les billes disparurent, l’histoire ne dit pas quels en furent les bénéficiaires....

Aux premiers jours frisquets de Novembre, les billes disparaissaient pour un an, et je dois dire qu’encore aujourd’hui, il m’arrive comme au bon vieux temps, de construire un quillou et de reculer de deux pas, pour vérifier que je n’ai pas perdu la main....

JP Bouchard.

Elève de 1963 à 1968