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Terrain et construction

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Après un premier refus en 1878, les élus aurillacois obtiennent l’accord du ministère de l’Instruction Publique pour la construction d’un lycée. Reste à choisir son emplacement.

Après bien des hésitations, l’enclos Falvelly est rejeté « parce qu’il placerait le lycée sous les vents du sud de l’hospice en cas d’épidémie ». Le cours d’Angoulême et le pré Monjou ne conviennent pas en raison du voisinage de l’usine à gaz ou de  « la mauvaise réputation ». Le 15 décembre 1882 le terrain du Barra est choisi par le ministère, malgré les réserves de l’architecte Gustave Lisch. C’est lui qui, ayant dirigé la reconstruction du château Saint Etienne, a été désigné pour le lycée. La première pierre est posée par Pasteur et le général Boulanger le 24 juin 1883. Très vite l’instabilité du terrain apparaît. Il faut indemniser les entrepreneurs. Le 17 juin 1887, le conseil municipal approuve les plans de Lisch. Le lycée sera construit enclos Falvelly pour 1 709 371 francs, malgré l’opposition de M. de Falvelly, avocat. Il avait fait planter là 600 arbres fruitiers, ainsi que 55 carreaux de potager avec 8 sources et bassins aménagés. Il recevra 89 400 francs pour l’expropriation.

Monsieur Chièze est l’architecte directeur des travaux. Les entrepreneurs vont venir de Haute Garonne, de Brive, de Lyon, de Bagnères de Bigorre, de Marseille et de Vichy.

En 1891, malgré les malfaçons et « les gros cadeaux » soulignés par le Moniteur et l’Indépendant, le lycée de la rue du Collège est transféré dans les nouveaux locaux. Le 11 septembre 1892 la réception a lieu. Il aura coûté près de deux millions de francs. L’Etat paie 50%, le département 8%, le reste étant à la charge de la ville. En raison de son succès, la nécessité d’un petit lycée pour les classes enfantines est tout de suite évidente. Il sera construit, après bien des difficultés, sur le terrain libre placé en face. Le procès verbal de réception est signé le 28 décembre 1911.

Le lycée s’appelle Emile Duclaux le 29 juillet 1904.


Le savant Emile DUCLAUX Né à Aurillac, le 24 juin 1840, dans une maison qui fait l’angle des rues Duclaux et Victor Hugo, Emile Duclaux meurt le 3 mai 1904. A Aurillac ses obsèques sont civiles, ce qui est rarissime à cette époque. Le 29 juillet, un arrêté ministériel donne au lycée le nom du grand savant mondialement reconnu, resté proche de sa terre natale malgré sa carrière parisienne. Le lendemain, le gouvernement rompt avec l’église catholique. C’est l’époque de la séparation de l’église et de l’Etat par le gouvernement Combes.

C’est aussi l’affaire Dreyfus, dont on célèbre cette année le centenaire de la réhabilitation. Une semaine avant le célèbre «j’accuse» d’Emile Zola, Emile Duclaux a écrit une lettre ouverte contre l’accusation du capitaine Dreyfus « je pense que si, dans les questions scientifiques, nous dirigions notre instruction comme elle semble l’avoir été dans cette affaire, ce serait bien par hasard que nous arriverions à la vérité… ».

S’il supporte les attaques que lui valent ses engagements dans la capitale, il souffre lorsqu ‘elles se transportent dans son pays natal où certains l’appellent « traître » et « vendu » ainsi que l’écrit son épouse Mary. Emile Duclaux démissionne alors de l’Amicale des Anciens élèves dont il est le fondateur et le président, en même temps que d’autres associations cantaliennes. C’est bien le savant chimiste, bactériologiste, physicien qu’on honore aussi. Après son agrégation de physique à 22 ans, Pasteur, son professeur l’a pris auprès de lui comme préparateur. Après la mort de son maître, il est, unanimement, désigné pour diriger les travaux de l’institut. Devenu parisien, il loue pendant les mois d’été la maison du Fau, commune de Marmanhac. Il y installe, avec l’aide du Ministère de l’Agriculture, une station pour étudier les méthodes des laiteries. En 1892 il achète la maison d’Olmet, à Vic sur Cère pour étudier les sources du versant sud de la vallée de la Cère qu’il appelle « ses filles » Aurillac reste sa patrie.

Depuis plus d’un siècle le succès se poursuit.. Le collège accueillait 174 élèves. Le lycée, dès 1891, en reçut 265, puis 410 en 1903. Les jeunes accueillis venaient de tout le département, et même de la Corrèze, du Lot, de l’Aveyron ou de la Lozère. Les effectifs n’ont cessé de croître depuis pour atteindre 767 en 2005. Cette année-là, 88,7% des terminales ont été reçus au bac. La liste est longue des élèves qui occuperont de hautes fonctions ou deviendront célèbres. On peut citer bien sûr, Paul Bastid, élève de 1903 à 1908, député, président du conseil général, président de la commission des Affaires étrangères, membre du conseil national de la résistance et conseiller du général de Gaulle. Henri Mondor, le grand chirurgien, entra au lycée à dix ans en 1995. Edouard Serre, lycéen de 1907 à 1913, polytechnicien, membre de l’aéropostale fut directeur adjoint d’Air France. Mermoz, autre pilote de l’Aéropostale, fut élève de 1914 à 1917. De nombreux noms sont cités dans le « livre du centenaire » publié en 1991 d’où sont tirées certaines informations alimentant ce texte et ou l’on trouvera anecdotes et souvenirs des anciens élèves.

L’amicale des anciens élèves est toujours très active. Elle apporte son soutien aux activités des jeunes qui étudient au lycée tout en servant de lien entre ceux qui l’ont quitté. On peut se renseigner et adhérer en cliquant ici. Le site « Lycée Duclaux » permet de retrouver souvenirs et photos des diverses promotions.

La vie au lycée

 Vue aérienne du lycée.

Comment ne pas parler du rugby, omniprésent dans les cœurs, les jambes et les mémoires de tous les « Francs joueurs » et leurs supporters. Dès mars 1903, une équipe affronta l’ »Athlétic union » de Rodez, et, bien que vaincue, accompagna jusqu’à la gare les Ruthénois aux cris de « vive Rodez ! A bientôt la revanche ». La liste est longue des rugbymen formés au lycée qui ont porté le maillot de grands clubs ou essaimé leur sport partout dans le département. Le 25 août 1914 des blessés arrivent au lycée qui est transformé en hôpital temporaire. Les cours reprendront au petit lycée avec des horaires aménagés. A la rentrée 1941, les écoles normales « foyer de perversion » pour le régime de Vichy, furent fermées. Les normaliens, quittant le château Saint Etienne, furent accueillis au lycée. Ils y resteront jusqu’en janvier 1957, date à laquelle ils retrouveront les normaliennes, scolarisées au lycée de jeunes filles Jules Ferry, dans la toute nouvelle école normale du Roc Castanet. Le petit lycée abritera la bibliothèque de l’école normale, qui permettra à de nombreux élèves de trouver le moyen de se cultiver et d’égayer les longs mois d’enfermement de l’internat. Le même petit lycée, de 1943 à 1949, permit aux élèves des écoles techniques de la marine de Brest et de Toulon, repliés sur Aurillac de recevoir leurs enseignements. A cette époque, les premières filles entrèrent dans cet établissement réservé aux garçons. Elles étaient six en math élem pour le bac 1944. Longtemps les pensionnaires du lycée ne partiront qu’à la fin de chaque trimestre. Seuls ceux qui bénéficiaient de la signature d’un « correspondant » pourront s’échapper, sous sa responsabilité, pour quelques heures, le dimanche. Le courrier était surveillé. Les visites n’étaient possibles qu’au parloir, et seulement pour les personnes autorisées. Les élèves devaient porter des blouses. Heureusement les temps ont bien changé. 766 élèves, dont les deux tiers sont des jeunes filles, suivent les cours en 2006. Ils viennent pour la plupart du bassin aurillacois, même si 130 sont pensionnaire. L’internat ne permet pas d’accueillir des jeunes venant de loin puisqu’il est fermé le week end. De gros travaux vont être entrepris, s’étalant sur une dizaine d’années, pour remettre en état les bâtiments.

 

JC. Champeil